Le visiteur de la semaine: Philippe Oberlé Journaliste, écrivain

Samedi dernier, nous avons eu l’honneur d’accueillir dans nos locaux M. Philippe Oberlé, ancien rédacteur en chef du Réveil, l’ancêtre de La Nation. Toujours en forme à 72 ans, l’Alsacien, devenu un spécialiste de l’Afrique, prépare un livre sur les relations de Tadjourah-Obock-Djibouti avec la région éthiopienne de Harar-Diré-Dawa.

Accompagné du directeur de l’Office du Tourisme, Mohamed Abdillahi Waïs, M. Philippe Oberlé est venu dans les locaux de La Nation hier à midi. « Je suis votre ancêtre», dit-il d’emblée.

Il croise M. Idriss, notre ancien photographe qui fut aussi celui du réveil, et qu’il reconnaît tout de suite. « Il travaille toujours avec vous ? », demande M. Oberlé, un peu surpris. Il apprend qu’en fait, M. Idriss a pris sa retraite depuis bien longtemps mais qu’il continue de travailler à titre privé dans le domaine de la photographie.

Le journaliste et écrivain français Philippe Oberlé n’est pas un inconnu à Djibouti. Nommé en 1966 rédacteur en chef du Réveil, l’ancêtre de La Nation, M. Oberlé, alors âgé de 24 ans, sera l’un des témoins privilégiés des événements politiques majeurs qui ont secoué notre petit territoire dans les années soixante.

En 1973, il publie un livre qui, aujourd’hui encore, constitue une précieuse source d’informations sur cette époque-là et sur les hommes qui ont marqué l’histoire du pays : Gouled, Harbi, Dini, Aref, etc.

Ce livre, intitulé « Histoire de Djibouti, de l’origine à nos jours », sera même plagié à deux reprises, ce qui fait sourire l’auteur qui prend cela avec philosophie. « Je crois que les Djiboutiens s’intéressent toujours à ce livre ; nous avons convenu, avec les éditions Discorama, de le rééditer », dit-il. Avant de visiter La Nation, M. Oberlé a fait un tour en province, notamment à Tadjourah et à Obock.

A l’époque où il était jeune journaliste au Réveil, il fallait deux jours de piste pour se rendre à Tadjourah. Aujourd’hui, la voiture avale les 160 km en deux heures. La Nationale 9, ou route de l’Unité, n’existait pas.

On empruntait une horrible piste que l’on appelait la piste du Lac. Les voitures y laissaient leurs lames de ressort et les calderas déchiraient les pneus. « Mais la Land Rover du Réveil était vraiment solide », se souvient Oberlé.

Le Réveil paraissait une fois par semaine et fonctionnait avec une équipe réduite. Tous les articles étaient vérifiés par un collaborateur du Gouverneur qui veillait à ce qu’aucun « papier » politiquement incorrect ne soit publié avant de signer le BAT (Bon à tirer).

En 36 ans d’indépendance, la RDD a bien changé. « J’ai vu le port de Doraleh, c’est impressionnant », dit Philippe Oberlé. Comme l’indique son patronyme, Philippe Oberlé est originaire d’Alsace, cette province française à l’Histoire tourmentée. Il vit actuellement à Nîmes.

M. Oberlé est loin d’être un paisible retraité. Depuis son «Histoire de Djibouti », il a publié une dizaine d’autres ouvrages dans lesquels il raconte l’Afrique. A 72 ans, il prépare un livre sur les relations de jadis entre Tadjourah, Obock et Djibouti et les villes éthiopiennes de Diré-Dawa et Harar.

« J’aime raconter le passé, le présent est toujours compliqué », dit cet ancien journaliste qui pourtant, pendant des années, a écrit l’Histoire au présent tout au long de sa carrière. Il doit se rendre ce dimanche en Ethiopie où, grâce à un ami français, il entend consulter des archives et chercher les traces des derniers caravansérails. Bonne chance, M. Oberlé.

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