Entretien avec…Ahmed Mohamed Ali : Président de L’Association EVA

Dans le tissu associatif du nord, l’association EVA est considérée comme une référence. car en 20 ans d’existence elle a changé voir même transformé le village d’Adailou et ses environs. Preuve de sa maturité, EVA a fait partie des cinq associations francophones sélectionnées parmi plus de 400 organisations pour participer au sommet de RIO+20. Pour en savoir plus nous avons tendu le micro à son président Ahmed Mohamed qui à travers cet entretien évoque l’historique, les missions et les actions réalisées par cette organisation non gouvernementale durant ces vingt dernières années.

» Les efforts d’EVA sont fondés sur une approche participative »

La Nation : Pouvez-vous présenter à nos lecteurs l’historique, les missions et le rôle d’EVA dans le pays ?

Ahmed Mohamed Ali:– Eva a été fondée le 05 mars 1996 à Adaïlou par un groupe de jeunes natifs de la région. Son évolution s’est essentiellement faite en trois phases.

Durant ses trois premières années d’existence, EVA n’agissait que dans le village d’Adaïlou et ses alentours en menant des actions axées sur l’amélioration du quotidien dans les domaines de l’eau, l’environnement, l’hygiène, la santé, la solidarité, le désenclavement, la culture et des sports.

Ces activités ont contribué à faire revivre le village et ont eu le mérite de rassurer les habitants du village qui y ont cru.

A partir de l’année 2000, EVA s’est lancée dans la mise en œuvre des projets de développement communautaires et agit au-delà du village d’Adaïlou à travers des initiatives mises en œuvre dans diverses localités de la région de Weïma. L’année 2008 marque pour EVA, un tournant majeur dans son évolution.

La petite association villageoise a gagné en notoriété et en envergure, et a intégré l’ensemble du bassin versant de Weïma dans son champ d’actions.

En optant définitivement pour une approche intégrée de la gestion du territoire, elle prépare et accompagne les mutations nécessaires pour asseoir un développement durable.

Agissant de concert avec les partenaires au développement (région, état, institution, ONG…) EVA est désormais un véritable acteur du développement durable dans la région de Tadjourah.

Est-ce que votre association bénéficie du soutien du secteur public ou sinon comment et par quels moyens arrive-t-elle à organiser ses diverses activités ?

Les efforts d’EVA sont fondés sur une approche participative requérant une réelle implication des communautés à toutes les phases et à tous les niveaux du processus.

Pour asseoir ses actions dans la durée, EVA s’appuie avant tout sur une base sociale constituée des habitants des villages, éleveurs et agriculteurs, qui participent activement aux efforts entrepris par l’association et se considèrent comme acteurs de leur propre développement.

Les actions de notre association bénéficient aussi de soutien de toutes natures et d’appui de la région (préfecture, conseil régional), de l’Etat, des partenaires institutionnels.

Et elles sont de surcroit adaptées au contexte social et environnemental de la région. Ce qui permet la lisibilité et réplicabilité de nos interventions.

Au cours de son évolution, EVA a su tisser des liens de partenariat et de coopération avec des organisations internationales qui ont, chacune à sa manière, apporté son aide, son savoir-faire pour affermir l’association EVA à la base.

Quel bilan faites-vous des réalisations d’EVA ?

Nous estimons que le bilan de l’association EVA est plutôt positif. Les efforts durables consentis par EVA et la communauté de la cuvette de Weïma durant près de deux décennies sont palpables sur le terrain.

Les actions de notre association ont permis aux populations rurales, parfois en désarroi face à des changements climatiques et sociaux majeurs, de se prendre en main et de se considérer plus comme acteurs que victimes…

Aujourd’hui la prise de conscience générale sur la situation climatique et la nouvelle donne socio-économique, qui est un élément préalable et essentiel, donne tout son sens à l’initiative et à l’adhésion massive des communautés rurales au programme d’EVA. IL s’agit là d’un acquis.

La mise en place et la conduite des actions et projets inscrits dans la durée et dans le sens d’une adaptation des communautés rurales aux conditions socio-économiques et climatiques contribuent à une meilleure résilience des ces communautés.

Quels impressions gardez-vous de vos expériences continentales et internationales dans la protection de l’environnement ?

La première participation à une rencontre internationale pour EVA remonte à 2008 à l’occasion de la 12ème conférence des Nations Unis sur le commerce et le développement durable.

Depuis EVA n’ a eu de cesse d’intégrer des réseaux d’initiatives internationales et a pris part à divers événements notamment : l’université des territoires responsables à Foix (France) ; la seconde assise de la coopération décentralisées de l’UE (Bruxelles) ; le Forum international de la jeunesse sur les emplois à Niamey (Niger) et à bien d’autres rencontre en Ethiopie ; au Mali ; au Togo…etc.

EVA fait partie de 5 associations francophone sélectionnées parmi plus de 400 organisations pour participer au sommet de RIO+20. Il est évident que le choix porté sur EVA traduit la reconnaissance et l’estime dont nous bénéficions sur la scène mondiale.

EVA participe aux cotés d’autres associations aux échanges, à la réflexion et l’élaboration des politiques de développement durable et reste active au sein des réseaux internationaux qui œuvrent pour des politiques de développement adaptées au contexte climatique qui prévaut actuellement dans le monde.

Vos efforts contribuent au renforcement du développement durable et à la lutte contre la pauvreté dans le pays, qui est d’ailleurs le vœu le plus cher du Président de la république. Alors que faut-il à votre association pour qu’elle puisse intensifier davantage ses actions à Weima mais aussi bien dans l’ensemble du territoire national ?

EVA bénéficie de l’appui du gouvernement dans la mise en œuvre de ses actions. Nous nous réjouissons de cet appui qui est précieux pour nous.

Je tiens d’ailleurs à adresser au nom d’EVA et de la communauté de Weïma mes vifs remerciements au Président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh, pour le projet d’envergure sans précédent dans le pays attribué pour la zone Weima axé sur le changement climatique et ses retombées sur les populations rurales. Nous sommes parfaitement conscients de l’immensité de la tâche qui nous attend.

Pour être à la hauteur de la confiance qui nous a été faite par le Président de la République, nous nous devons de nous donner les moyens.

A cet égard, Il y a une nécessité de décharger quelques cadres et techniciens d’EVA ne serait-ce que pour la durée des projets en vue de mener à bien un travail de mobilisation, d’encadrement et d’accompagnement de la communauté ainsi que la préparation et l’organisation des bénéficiaires à la pérennisation des réalisations du projet.

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