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a Grande Interview Mahmoud Ali Youssouf Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale

« Le port de Tadjourah, comme le port de Damerjog, de Doraleh et du Goubet, fait partie du patrimoine national et ne sera nullement cédé à qui que ce soit »

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Dans une interview accordée le lundi 9 septembre dernier, aux journalistes des différents organes de la presse locale, le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Mahmoud Ali Youssouf a mis en lumière les relations bilatérales entre la Chine et Djibouti, en mettant l’accent sur les bénéfices tirés du récent sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Il a également indiqué l’engagement de la Chine à investir 50 milliards de dollars en Afrique. Un investissement qui, selon lui, permettra à notre pays de développer le port de Damerjog, un terminal pétrolier, des activités d’exportation du sel et de ses dérivés, du port minéralier du Goubet. Le traité de 2015, permettant l’installation d’une base navale chinoise sous nos cieux et notamment la renégociation de celui-ci pour les 10 à 20 prochaines années, figurait parmi les différents sujets évoqués. Dans une seconde partie de cet entretien consacrée, au port de Tadjourah, le chef de la diplomatie djiboutienne, a démenti les rumeurs selon lesquelles cette infrastructure portuaire de cette région du Nord de Djibouti, serait concédée à l’Éthiopie.

« Le port de Tadjourah, comme le port de Damerjog, de Doraleh et du Goubet, fait partie du patrimoine national et ne sera nullement cédé à qui que ce soit » a déclaré M. Mahmoud Ali Youssouf pour répondre, à ces allégations mensongères véhiculées depuis ces derniers temps, dans les réseaux sociaux.

Monsieur le ministre, quels accords ou initiatives majeurs ont été annoncés lors du dernier forum Chine-Afrique, et quels bénéfices concrets ces engagements apporteront ils à notre pays ?

Mahmoud Ali Youssouf : D’abord, soyez les bienvenus au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Le Président de la République a participé à la tête d’une forte délégation au sommet du FOCAC, qui est un forum de partenariat entre l’Afrique et la Chine. Ce forum existe depuis 24 ans et il est renouvelé tous les trois ans. Il y a un programme qui a été établi pour les trois prochaines années, un plan d’action et une déclaration. Ce plan d’action aura cours entre 2025 et 2027. Les annonces qui ont été faites et les initiatives qui ont été proposées par le président chinois Xi Jinping tournent autour d’un montant de 50 milliards de dollars dont 29 milliards pour les prêts afin de construire un certain nombre d’infrastructures sur le continent, 11 milliards sous forme de dons pour pouvoir justement aider les États africains à développer leur secteur agricole, secteur de l’éducation, secteur de la santé et à peu près 10 milliards pour encourager les entreprises chinoises à investir sur le continent africain. Maintenant, sur le plan bilatéral, qu’est-ce que la République de Djibouti tire de ce partenariat avec la Chine et c’est l’objet de votre question. Ce qu’il faut savoir c’est que Djibouti fait partie de ce qu’on appelle une route, une ceinture qui est une initiative chinoise pour développer le commerce mondial et dont notre pays est une étape importante. Cela veut dire qu’il y a un certain nombre d’infrastructures qui doivent être développées pour pouvoir justement être un maillon important de cette initiative de ‘‘la route et la ceinture’’. Les infrastructures qui ont été développées ces dernières années pour pouvoir justement jouer ce rôle, il y a d’abord le DMP qui est un port de standards et de classe internationale, un port de marchandises, …etc. Nous avons également développé une ligne de chemin de fer électrifié entre Addis-Abeba et Djibouti ainsi qu’une zone franche internationale. Ce sont des infrastructures qui seront, je dirais, les sous-bassement et le fondement de ce partenariat que la Chine entretient avec Djibouti.

« La coopération entre la Chine et Djibouti s’inscrit sur le long terme. C’est une coopération qui permettra à notre pays de pouvoir jouer son rôle en tant que hub logistique, commercial »

Nous sommes en train de développer le port de Damerjog, qui est un nouveau terminal pétrolier. Nous avons déjà, grâce aux prêts chinois, développé le port minéralier du Goubet, qui a besoin d’être opérationnalisé pour l’exportation du sel. D’ailleurs, nous avons signé un accord pour pouvoir justement exploiter et exporter le sel et ses dérivés.

A l’heure actuelle, il y a la bromure qui est exportée et prochainement ce sera la soude caustique. Le port minéralier de Goubet dans l’ouest et le port de Tadjourah, qui est au nord du pays, sont également des financements chinois.

Nous développons actuellement la troisième phase de ce programme d’envergure. Il s’agit de la mise en place du business district dans l’ancien port. L’hôtel intercontinental est la première phase.

La coopération entre la Chine et Djibouti est donc une coopération qui s’inscrit sur le long terme. C’est une coopération qui permettra à notre pays de pouvoir jouer son rôle en tant que hub logistique, commercial, maillon important de l’initiative une route, une ceinture et de la route de la soie.

Et nous pensons que la Chine et Djibouti ont, je dirais, des perspectives intéressantes à l’avenir. J’aimerais ajouter à cela que lors des entretiens entre les deux présidents, le niveau de partenariat entre la Chine et Djibouti a été rehaussé à ce qu’on a appelé un partenariat global dans tous les secteurs. Ce partenariat global rehaussé va ouvrir pour notre pays des perspectives nouvelles. L’hôpital de Tadjourah est en train d’être finalisé. C’est un financement sous forme de dons chinois. Il y a des équipes médicales qui travaillent à Djibouti.

Monsieur le ministre, quels sont les plans de la Chine pour renforcer sa coopération économique avec les pays africains dans les années à venir ? Et quels objectifs précis en matière d’infrastructures pour l’Afrique ont été évoqués par la Chine lors du forum ?

La Chine a annoncé plus de 1000 projets pour le bien-être social, dont des hôpitaux, des cliniques, etc. Ils ont annoncé 2000 professionnels médicaux chinois qui vont être dispersés ou dépêchés sur le continent africain. Ils ont annoncé 20 projets d’infrastructures nouvelles en matière de services hospitaliers.

Ils ont annoncé des aides alimentaires. Ils ont annoncé, pour la sécurité mondiale, des aides militaires, formation de police, formation des militaires. Ils ont annoncé l’envoi de 500 agronomes sur le continent.

Vous voyez que la coopération entre l’Afrique et la Chine est une coopération tangible, qui a de la substance, et que notre pays s’est positionné pour être l’un des bénéficiaires de cette coopération. Pour cela, nous avons présenté des avantages comparatifs pour faire en sorte que Djibouti soit vraiment un maillon, un passage obligé de la route de la soie. Voilà un peu en résumé la substance de ce partenariat entre la Chine et Djibouti.

Vous savez, la Chine est devenue, depuis 2010, la deuxième économie mondiale. La Chine a développé, entre 1979 et 1980, une économie de marché. Depuis lors, des réformes profondes ont été engagées dans ce pays pour ouvrir l’économie chinoise sur le monde. Elle a besoin de ressources minières qu’elle trouvera en Afrique. La Chine a besoin des marchés africains pour ses produits. Donc, ce n’est pas un partenariat qui est à sens unique.

Les Africains offrent également, beaucoup de choses à l’Afrique. Aujourd’hui, l’hégémonie des pays occidentaux sur l’économie mondiale est en train de s’évaporer.

Le monde est en train de se constituer en blocs. On parle aujourd’hui du sud global. Vous avez certainement entendu parler de l’émergence des BRICS, ces pays Brésil, Inde, etc. Et donc, cette multipolarité du monde fait en sorte que la compétition entre les grandes puissances économiques va s’accélérer. Et chaque pays ayant cette capacité à pouvoir exporter va chercher des marchés. Et l’Afrique est un marché idéal.

Mais les Africains ne veulent pas seulement être des marchés qui reçoivent des produits. Les Africains ont posé à la Chine un certain nombre de conditions. Et ils ont avancé des demandes.

Et ils ont des attentes par rapport à la Chine. Développer l’agriculture africaine, pour pouvoir justement introduire les nouvelles technologies. Accélérer le processus d’industrialisation de l’Afrique, pour que l’Afrique puisse avoir ses propres produits industriels à exporter en Chine. Faire en sorte que l’économie numérique et la digitalisation soient également une réalité sur le continent. La Chine a accepté de pouvoir développer des projets sur l’économie numérique, en Afrique. Elle veut également transférer un certain nombre de technologies et de savoir-faire vers les pays africains.

« L’Afrique souhaite être un partenaire respecté et qui a son mot à dire sur les questions qui préoccupent le monde »

Je crois que c’est la seule manière pour les Africains de pouvoir développer leur propre capacité de production. Et donc, les Africains, à Pékin, les messages qui ont été transmis à la Chine, c’est de dire qu’on veut être des partenaires, et pas seulement des pays récipiendaires de l’aide publique chinoise. Et pas seulement des pays qui représentent des marchés pour les produits chinois.

Donc, il est très important de comprendre que l’Afrique se positionne en tant qu’acteur influent sur la scène internationale. Aujourd’hui, l’Afrique a été acceptée dans le G20, qui une arène dans laquelle les décisions importantes pour le monde sont prises, le G7, le Conseil de sécurité. L’Afrique demande à être un membre à part entière du Conseil de sécurité avec le droit de veto. L’Afrique souhaite être un partenaire respecté et un partenaire qui a  son mot à dire sur les questions qui préoccupent le monde, que ce soit en matière de migration, d’écologie, etc. Il y a beaucoup de sujets qui ont été abordés lors de ce FOCAC, à Pékin, il y a quelques jours.

En ce qui concerne, les infrastructures. Quels sont les objectifs spécifiques de la Chine en matière d’infrastructures pour l’Afrique, comme annoncé lors de la 24e édition du FOCAC ?

Vous savez que les économies des États africains souffrent d’un manque d’infrastructures et une économie se bâtit sur des infrastructures. Il y a bien entendu les politiques, la planification, les stratégies. Mais si vous n’avez pas de route, pas de chemin de fer, pas de marché commun du transport aérien, si vous n’avez pas d’électricité en quantité suffisante et de bon marché, des barrages pour produire de l’électricité, les infrastructures sont en réalité le problème vertébral de toutes les économies.

Donc, il y a mille projets d’infrastructures qui sont prévus rien que dans le plan, n’est-ce pas, qui a été proposé pour 2025-2027. Et il est essentiel de comprendre qu’aujourd’hui, les autres partenaires ne financent pas les infrastructures sur le continent africain. Le Japon le fait jusqu’à une certaine mesure, mais le plus gros partenaire, pourvoyeur de financement pour les infrastructures, c’est la Chine. 50 milliards, ce n’est pas donné, ce n’est pas quelque chose qu’on nous propose tous les jours. Ça, c’est un premier élément. Le deuxième élément qui est important, l’Afrique a ce qu’on appelle des projets phares, des grands projets, pas seulement nationaux, des grands projets régionaux.

« Aujourd’hui, la Chine est là pour aider les Etats africains à développer leurs infrastructures »

L’Afrique a, par exemple, ce qu’on appelle le chemin de fer transafricain, qui va faciliter le commerce intra-africain. L’Afrique a un projet de ce qu’on appelle le barrage Inga au Congo, sur le fleuve Congo. C’est un barrage qui devrait produire 43 000 mégawatts d’électricité, qui pourra alimenter une grande partie du continent. L’Afrique a également de grands projets liés à l’économie numérique, les e-universities. L’Afrique a également des projets liés à la production pharmaceutique. Et il faut des financements pour ces infrastructures. Et ces financements, aujourd’hui, viennent essentiellement de la Chine. Djibouti en profite, et pas que Djibouti. En Afrique, il y a 55 pays. Donc, vous pouvez imaginer que les attentes des 55 pays ne peuvent pas être toutes satisfaites. Mais il y a quand même des efforts qui sont faits sur le temps. L’Afrique s’est donné ce qu’on appelle un calendrier et un plan qui s’appelle l’agenda 2063, pour qu’en 2063, il y ait sur le continent une Afrique qui est d’abord voulue par les Africains, prospère, intégrée et pacifique. Il faut installer la paix pour que le développement puisse s’installer. Il faut des infrastructures pour que l’économie puisse avancer. Rien qu’un chiffre, le commerce , aujourd’hui, entre les pays africains, n’est pas plus de 17%. Imaginez-vous, le commerce de l’Afrique avec la Chine est de 70%. Pourquoi est-ce que les pays africains n’arrivent pas à développer leurs infrastructures ? Alors qu’ils ont mis en place la zone de libre-échange, ce qu’on appelle la ZECLAf. Pourquoi ? Parce qu’il y a un manque criant d’infrastructures. Aujourd’hui, la Chine est là pour dire aux états africains, je vais vous aider à développer vos infrastructures.

Dans quelles mesures les accords du forum influencent-ils les relations entre la Chine et les pays africains, et tout particulièrement entre Djibouti et la Chine ?

Je veux surtout vous parler de la spécificité des accords que nous avons signés avec la Chine. Vous savez que Djibouti est le seul pays qui abrite une base logistique navale chinoise, le seul pays en Afrique. Donc à ce titre, nous avons un caractère très spécifique du partenariat entre la Chine et Djibouti. Nous sommes aujourd’hui dans la phase de renégociation de ce traité qui a installé la base logistique chinoise à Djibouti. On l’avait signé en 2015-2017 pour 10 ans. Les négociations ont donc recommencé cette année. Nous allons travailler sur la renégociation de ce traité pour les 10-20 prochaines années. Nous avons avec la Chine une stratégie de coopération militaire qui n’existe peut-être pas avec d’autres pays. Nous avons avec la Chine un partenariat dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, la piraterie, qui n’existe peut-être pas avec d’autres pays. Et donc vous voyez un peu le caractère très spécifique du partenariat Chine-Djibouti. C’est aussi, je dirais, un atout pour nous. Nous sommes capables donc à Djibouti, grâce à notre politique étrangère, à la vision éclairée de notre président, de diversifier nos partenariats, qu’ils soient des partenariats militaires, stratégiques, et que ce soit des partenariats économiques. L’intelligence voudrait qu’un petit pays qui n’a pas de ressources, qui n’a pas beaucoup d’atouts, pas d’agriculture, pas d’industrie, puisse capitaliser sur ce qu’il possède. Et c’est ce que nous essayons de faire.

Monsieur le ministre, on le disait donc tout à l’heure, c’est une question qui revient très souvent et en particulier sur les réseaux sociaux, le port deTadjourahserait  concédé à l’Ethiopie Est-ce que vous confirmez aujourd’hui ces informations sur nos colonnes ?

Le port de Tadjourah, comme le port de Damerjog, de Doraleh, du Goubet, fait  partie du patrimoine national qui ne sera nullement cédé à qui que ce soit. Il faut que les choses soient claires dans l’esprit des uns et des autres. Quand nous avons investi dans tous ces ports, ce n’est pas pour les regarder pourrir au soleil, c’est pour les faire travailler et fonctionner. Aujourd’hui, le port de Tadjourah ne reçoit qu’un bateau tous les deux mois. On a investi plus de 60 millions de dollars dans le port lui-même. Nous avons investi plus de 110 millions de dollars pour le corridor jusqu’à Balho et les salaires des employés du port de Tadjourah sont payés par le DMP.

« Il n’a jamais été question de céder ou de concéder ou de vendre le port de Tadjourah »

Donc ce port doit pouvoir travailler pour être rentable. Il faut que les populations des régions du nord puissent trouver de l’emploi, faire du commerce, créer des entreprises. Et cela vient avec des activités portuaires.

Ce que nous avons proposé aux Ethiopiens, ce n’est pas de vendre le port de Tadjourah. Il n’a jamais été question de céder ou de concéder ou de vendre le port de Tadjourah. Vous savez, l’exemple que nous avons c’est le chemin de fer. C’est une société binationale, n’est-ce pas ? C’est ce que nous proposons. On gère ensemble. Djibouti va gagner en termes de trafic. Demain, Assab va ouvrir et peut-être qu’une partie du trafic va aller là-bas.

Il faut qu’on se dise la vérité. Nous, on veut garder le trafic Ethiopien. Nous pourrons garder le trafic Ethiopien en innovant et en créant des partenariats qui nous permettent de satisfaire la demande éthiopienne, en termes de temps et de coûts de transport. Parce que l’Ethiopie est composée de onze régions. Le transport coûte cher. Le produit qui est acheté sur le marché éthiopien, c’est la valeur du produit plus le coût du transport.

Et comme vous le savez, trois régions dans le nord de l’Ethiopie sont plus proches de Tadjourah que de n’importe quelle autre frontière, il s’agit de la région Tigray, de la région Amhara et de la région Afar, et il reste encore huit autres régions qui seront desservies par nos ports et ceux des pays de la région.

Il y a une autorité nationale des ports et des zones franches qui planifie les activités des ports.

Le port de Tadjourah travaille déjà pour l’Ethiopie, même si ce n’est pas grand-chose. Le fer à béton, le charbon, le gaz sont débarqués de ce port et exportés par le corridor de Balho. Il y a une volonté d’organiser ça, de faire travailler nos ports et de faire en sorte qu’il y ait une sorte d’harmonie dans les activités commerciales, de logistique et de transport pour que toutes les infrastructures qui sont le patrimoine national de Djibouti, puissent travailler. Parce que si ces ports ne se remboursent pas eux-mêmes, qui va payer ? C’est nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants. Il faut donc que ces ports travaillent pour qu’ils puissent se rembourser et créer de l’emploi et de la richesse pour nos populations, qu’ils soient dans le nord ou dans le sud.

En ce qui concerne l’Ethiopie, elle va pouvoir cogérer avec nous ce port du nord. Je l’ai dit tantôt, pour réduire le coût de transport des produits. L’Ethiopie fluidifie les exportations et les importations.

« Ce que nous faisons pour l’Ethiopie, c’est un service que nous nous rendons aussi à nous-mêmes »

Au lieu d’avoir des congestionnements dans certains ports, il y aura, un choix pour que, si aujourd’hui, par exemple, les graines et les fertilisants passent par Djibouti, un certain nombre d’autres produits peuvent passer par le nord. Quand je dis Djibouti, il y a deux corridors, même trois corridors bientôt, c’est-à-dire celui de Galilée, celui de Galafi, peut-être un autre aussi qui est en train de s’ouvrir, et le train. Donc il y a aussi l’idée, à terme, de pouvoir exporter le pétrole raffiné par la voie ferroviaire. Nous sommes en train de développer le port de Damerjog pour justement donner une alternative aux éthiopiens qui se trouvent un petit peu, je dirais, en manque d’espaces de stockage au port pétrolier Horizon. Ils veulent d’autres espaces de stockage.Donc nous sommes en train de développer le port de Damerjog et une ligne ferroviaire pour pouvoir transporter le kérosène, le carburant, etc. C’est une stratégie que nous avons mise en place pour le long terme. Notre pays doit pouvoir garder cette avance que nous avons par rapport aux autres ports de la région.

C’est une compétition et si l’on ne s’adapte pas, demain on va perdre une grosse partie de ce trafic. Et on ne veut pas perdre ce trafic. Il faut qu’on se dise la vérité. Ce que nous faisons pour l’Ethiopie, c’est un service que nous nous rendons aussi à nous-mêmes. C’est comme ça qu’il faut le comprendre.

Rester compétitif, offrir des alternatives, garder son avance par rapport aux autres ports de la région, pouvoir justement créer des richesses de l’emploi et des opportunités d’entreprise à nos jeunes et à notre population. Et faire en sorte surtout que nous gardions cette vision de plateforme régionale de Djibouti comme hub logistique, hub numérique, hub financier. C’est l’ambition du président de la république et son gouvernement qui travaille à cela.

Ce que nous disons à notre opinion publique et par ma voix, c’est que nous travaillons pour que l’économie de Djibouti, le peuple Djiboutien puisse être le principal bénéficiaire. Nous ne travaillons pas pour les autres, nous travaillons pour nous-mêmes. C’est ça que les Djiboutiens et les Djiboutiennes doivent comprendre.

Monsieur le ministre vous avez donné l’exemple des modalités ou des systèmes d’exploitation. En quoi l’usage prévu du port de Tadjourah par l’Éthiopie sera-t-il différent de l’accès actuel de ce pays au port principal de Djibouti ?

En tout cas, si un accord  y est, ça sera basé sur le même système que l’exploitation du chemin des fers. Nous avons proposé ce qu’on appelle une société en joint-venture.

C’est une société en joint-venture qui va pouvoir gérer le port d’Etat. Qu’est-ce que l’Ethiopie va gagner ? S’ils sont en joint-venture, ils pourront introduire des systèmes de fonctionnement, plus de fluidité, des financements puisqu’ils auront besoin d’espaces de stockage, ils vont construire des hangars, etc. Et donc, ça rassure.

« Il faut bien comprendre qu’une ville, un pays se développe grâce au port. Djibouti s’est développé grâce à un seul quai »

Quand un partenaire par exemple est avec vous dans une entreprise, il y mettra plus d’énergie, plus d’attention, plus d’engagement personnel pour que celle-ci fonctionne. Et donc si aujourd’hui le port de Tadjourah ne fonctionne pas, c’est au gouvernement qui a la responsabilité première de le faire fonctionner. Et nous avons cette alternative dans cette vision stratégique. Nous devons garder de l’avance par rapport aux autres ports de la région. Et pour les Tadjouriens plus de travail!

Aujourd’hui, qu’est-ce qu’ils gagnent de ce port ? Ce sont 10 personnes qui ont un petit salaire qui sont payées par le DMP. Tous les hangars sont vides. Aucun espace de stockage n’est développé. Il faut bien comprendre qu’une ville, un pays se développe grâce au port. Djibouti s’est développé grâce à un quai. Un seul qui a été construit sur un bateau, le Fontainebleau qui avait coulé.

Aujourd’hui, nous avons 7 ports. Quand le président de la république est arrivé au pouvoir,en 1999, la première décision qu’il a prise c’est de construire le port.  Premier projet d’infrastructure conséquent qu’il a créé, qu’il a mis en place juste après son investiture, c’est le port de Tadjourah. Pourquoi il l’a fait ? Parce qu’il a une vision.

Il veut vraiment qu’il y ait un développement harmonieux de tout le pays pour que toutes nos populations puissent se sentir impliquées dans ce développement. C’est comme ça qu’il faut le comprendre. D’abord, nous sommes djiboutiens. Nous voulons que les intérêts de Djibouti soient d’abord et avant tout, préservés. C’est ça qui est important.

Quelle mesure sera prise pour garantir que l’offre faite à l’Éthiopie ne n’affectera pas négativement les opérations des autres ports de Djibouti et pour notre économie ?

Actuellement, l’Ethiopie utilise Barbara, de même peut-être qu’elle va utiliser, le port d’Assab et peut-être d’autres ports. Donc, l’Ethiopie est un grand marché qui a besoin de plus de dix ports. Les ports de DMP, le PDSA, le port de Damerjog, le port de Goubet, le port de Tadjourah ne sont pas suffisants pour le marché éthiopien. C’est ça qu’il faut comprendre. Ça ne va pas affecter. Au contraire, ça va développer les importations et les exportations. Plus vous proposez des services performants à un coût inférieur et avec une rapidité d’exécution très importante, plus vous attirez du trafic. C’est la logique du commerce. C’est l’offre et la demande. Si vous ne proposez pas un rapport ratio coût, rapidité d’exécution du service, ils vont aller ailleurs. Pourquoi aujourd’hui le transbordement s’est tourné vers Djibouti ? Parce que nous avons des ports dont le PDSA qui sont très performants. Ils sont capables de débarquer et d’embarquer plus de 50 conteneurs par heure. C’est une performance qui n’existait pas dans les autres ports de la région. Donc, c’est une question d’offre et de demande.

Vous proposez des services à moindre coût et vous avez de la clientèle. Vous ne proposez pas des services performants à moindre coût et les gens partent ailleurs. C’est la logique du commerce, du marché. Donc, je vous le répète, le fait que le port de Tadjourah soit rendu opérationnel à 100% ne va pas affecter les activités des autres ports. Au contraire, cela va attirer plus de trafic.

Vous le savez, si vous posez la question aux autorités portuaires, quand les fertilisants arrivent, parfois il y a des soucis. Cette année, ça s’est bien passé. Quand les graines arrivent de l’aide alimentaire, il y a toujours des petits soucis. Parfois, les conteneurs ici restent très longtemps. Ce n’est pas seulement de la faute des autorités de notre port. Parfois aussi, c’est en raison du manque de camions, etc. Il y a beaucoup de facteurs qui sont là. Mais ce que nous croyons, c’est que l’Ethiopie a besoin de plus de 10 ports. Pour l’instant, il n’y a peut-être que 4 ou 5 ports qui travaillent pour l’Ethiopie. Donc, nous pensons que les activités ne seront pas affectées. Au contraire, ça va booster et accélérer le trafic entre l’Ethiopie et Djibouti.

 

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